Le conte de Cendrillon est l'une des histoires les plus célèbres de la littérature, notamment grâce à la scène iconique de la pantoufle perdue. Mais un détail intrigue : pourquoi une pantoufle de vair ? Pendant longtemps, ce détail a fait l'objet de nombreuses interprétations et débats. Ce matériau mystérieux aurait été traduit à tort comme du verre, d'où l'idée d'une pantoufle "en verre". Cet article vous plonge dans l'origine du mythe, les explications linguistiques et culturelles, ainsi que l'importance symbolique du "vair" dans la version originale du conte.
Qu’est-ce que le "vair" ?
Le vair n’est pas du verre, comme beaucoup le croient encore. Il s'agit en fait d’une fourrure précieuse très prisée au Moyen Âge. Le vair provient de la fourrure d'un petit animal, généralement un écureuil, avec une fourrure d'hiver dense et grise sur le dos et blanche sur le ventre. À cette époque, cette fourrure était utilisée pour confectionner des vêtements luxueux, souvent portés par la noblesse. Le vair se retrouve fréquemment dans les habits royaux, les capes ou les accessoires des classes sociales les plus élevées.
Origine du mythe de la pantoufle de verre
La confusion entre le "vair" et le "verre" serait née d’une erreur de traduction ou de transcription. Le mot "vair", utilisé dans les premières versions françaises du conte, se prononce de la même façon que "verre" en français. Cela aurait mené certains traducteurs, notamment au XIXe siècle, à opter pour "pantoufle de verre", une image certes féerique, mais peu réaliste.
Dans les premières versions du conte de Cendrillon, écrites par Charles Perrault en 1697, on parle donc de pantoufles de vair. Cependant, dans les réinterprétations plus récentes, comme celle de Disney, c’est la version "verre" qui s’est imposée dans l’imaginaire collectif. Cela a contribué à la confusion et à l’apparition d’une scène emblématique, mais fantaisiste : celle où Cendrillon danse avec des chaussures en verre.
Pourquoi la pantoufle de vair est-elle importante dans le conte ?
Le choix du vair comme matériau pour la pantoufle de Cendrillon n’est pas anodin. En effet, cette fourrure précieuse symbolise le statut social élevé et la noblesse. Dans le contexte médiéval où se déroule le conte, le fait que Cendrillon porte une pantoufle de vair montre qu’elle est destinée à un avenir royal, et ce, malgré sa situation initiale de pauvreté et de servitude.
1. Le vair et le luxe aristocratique
Le vair, en tant que matériau réservé aux nobles, constitue une marque de prestige. En chaussant Cendrillon de pantoufles en vair, le conte montre une élévation sociale, une transformation magique qui l’introduit dans un monde d’élite auquel elle n’avait jusque-là pas accès. La pantoufle de vair symbolise donc l'intégration de Cendrillon dans la royauté et le monde du luxe, en harmonie avec la magie du conte.
2. Le rôle du symbole dans la reconnaissance
Dans la version originale de Charles Perrault, la pantoufle de vair joue un rôle crucial dans l'identification de Cendrillon par le prince. Il s’agit ici de plus qu’une simple chaussure : la pantoufle devient le symbole de son identité royale et unique. Seule Cendrillon peut la porter, renforçant l'idée que sa noblesse intérieure est ce qui la distingue des autres jeunes filles du royaume.
La pantoufle de verre : une réinterprétation moderne
Malgré la signification profonde du vair, la pantoufle de verre est devenue une image emblématique de l’univers des contes de fées, notamment grâce à l’adaptation Disney de 1950. Le verre, un matériau fragile et transparent, symbolise également la pureté et la délicatesse. Cette réinterprétation moderne est peut-être moins réaliste, mais elle n’en est pas moins puissante sur le plan symbolique.
La pantoufle de verre suggère aussi la fragilité de la situation de Cendrillon : un faux pas, et tout pourrait se briser. Le fait qu’elle ne casse jamais durant le bal ou lors de la fuite de Cendrillon pourrait de plus être vu comme une preuve de la magie et de la perfection de l’amour véritable.
Les influences linguistiques et culturelles
Le débat sur la pantoufle de vair ou de verre est aussi le reflet de la manière dont les contes se transforment à travers le temps et les cultures. La langue, la traduction et l'interprétation jouent un rôle clé dans la façon dont nous percevons les histoires. Ce qui était un simple détail de matériau s’est transformé en l’une des images les plus marquantes de la culture populaire, prouvant que chaque élément d’un conte de fées à un pouvoir de réinvention.
Le choix du "vair" dans le conte de Cendrillon n’est pas une erreur de Charles Perrault, mais un symbole de luxe et de noblesse. La confusion avec le verre, bien que plus récente, a donné naissance à l’une des scènes les plus emblématiques des contes de fées modernes.
